Après la pluie: Moustapha Baidi Oumarou

10 Novembre - 10 Décembre 2022

Ainsi, Après la pluie conte la joie des moments de partage et de méditation. Quelles que soient les perturbations du monde, l'art de Moustapha Baidi Oumarou leur résiste, louant la cohésion plutôt que l'adversité.

Moustapha Baidi Oumarou met la couleur à la matrice de ses créations. Ses toiles s'articulent autour d'un pigment dense qui envoûte l'œil et soigne l'âme.

 

Si son art a pour vocation de provoquer la joie, le nouvel ensemble qu'il présente prolonge cette volonté.  Après la pluie (Après la pluie) est un appel à la tendresse, à l'amour et au partage. Au fil des scènes de vie quotidienne, Baidi Oumarou rappelle que le bonheur n'est jamais loin. 

 

L'artiste imprègne son œuvre d'un optimisme sincère. Traditionnellement associée à la morosité et au spleen des poètes - analogie des larmes - la pluie est aussi symbole de renouveau. La pluie nourrit la terre et la rend féconde. Les couleurs fleurissent sur son passage. Le pétrichor embaume l'air de ses effluves rassurantes. L'attente de l'accalmie s'installe. La pluie n'est finalement qu'une étape, un moment transitoire avant le retour du soleil. Métaphoriquement, ce sont l'espoir et l'allégresse de lendemains meilleurs que Moustapha Baidi Oumarou capture dans ses toiles. Il compose ainsi une balade visuelle au cœur de son utopie. Élaborant une œuvre miroir, il renvoie une réplique idéalisée du monde réel pour conduire à porter dessus un nouveau regard. Pourquoi s'attarder dans les méandres de la mélancolie quand l'arc-en-ciel point entre les nuages ? 

 

C'est justement cet arc-en-ciel que les œuvres de Moustapha Baidi Oumarou incarnent. Composé des mêmes couleurs primaires et secondaires, l'ensemble qui qui se déploie sur les murs blancs de la galerie matérialisent la volonté du jeune peintre d'éclairer le monde de son art et d'exalter la beauté de chaque instant. Les couleurs laissent entrevoir, dans la peinture de Moustapha Baidi Oumarou, un monde rêvé et heureux dans lequel elles se retrouvent investies d'un pouvoir de guérison. Les teintes tranchées baignent les personnages dans un halo de bienveillance, tout comme elles invitent le regard à envisager un futur où l'acceptation de l'autre est au centre de la vie sociale. L'artiste balance entre non-couleur et pigment intense - laissant une place prédominante au noir et blanc. À la manière de Picasso - lui, qui apparaît dans l'œuvre de Moustapha Baidi Oumarou, assis dans son atelier, plongé dans ses réflexions -, il peint en réserve. Alors que  Harlequin (1923) du maître espagnol exhibe la genèse de sa création, la toile restée vierge dans l'œuvre du Camerounais, apporte une respiration à la prégnance de la couleur. Elle est une pause, un souffle. L'artiste se joue de la composition et laisse la porte ouverte à l'imagination de celui qui la contemple. Son inconscient teintera le vide, nourri de ses propres attentes ; tout comme il se projettera dans les silhouettes anonymes qui émergent des forêts imaginaires de Moustapha Baidi Oumarou.

 

Ces figures sans visage se rattachent à une vision universaliste. Simplifiées à l'extrême pour n'être que signifiées par leur contour, le peintre leur confère une identité globale. Lui-même témoin des conséquences des inégalités, du prosélytisme et des  combats idéologiques, Moustapha Baidi Oumarou supprime toute distinction géographique, culturelle ou religieuse. En s'éloignant de tout particularisme, il prête à tous la même identité. Au-delà de considérer les humains dans leur individualité, son art parle de l'humanité et s'adresse à elle en établissant de nouvelles icônes.

 

Ainsi, Après la pluie conte la joie des moments de partage et de méditation. Quelles que soient les perturbations du monde, l'art de Moustapha Baidi Oumarou leur résiste, louant la cohésion plutôt que l'adversité.

 

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