La galerie AFIKARIS, en association avec  l'Espace doual’art et la galerie Annie Kadji (Douala, Cameroun), est heureuse d’annoncer une trilogie d’expositions monographiques de l’artiste camerounais Jean David Nkot.

 

Commissariées par Christine Eyene, ces expositions comprennent : Épigraphies des Corps à l’Espace Annie Kadji (Douala, 17 avril – 30 mai 2025), Map of Resources à l’Espace doual’art (Douala, 18 avril – 12 juillet 2025), et Théâtre des Corps - Drame de la Matière à la galerie AFIKARIS (Paris, 22 mai - 21 juin 2025).

 

Ces expositions rassemblent une nouvelle série de peintures et d’installations dans lesquelles se poursuivent les recherches et réflexions développées par l’artiste sur les pratiques d’extraction agricoles et minières ayant lieu au Cameroun, ainsi que la relation aux corps qui y travaillent.

 

Épigraphies des Corps prend pour thème la notion d’inscriptions gravées dans la matière, telles qu’elles peuvent apparaitre dans les vestiges archéologiques. Cependant Nkot va au-delà du visible en considérant les traces internes et psychologiques laissées par l’histoire coloniale camerounaise.

L’artiste se penche notamment sur les systèmes d’exploitation de la main d’œuvre et des matières extraites pendant cette période, et sur les traces laissées dans les corps et esprits. Prenant pour sujet l’exploitation du cacao, il note le conditionnement imposé par des forces extérieures œuvrant à figer le Cameroun comme source de matières agricoles, toutefois dépourvu des technologies de transformation. À travers des œuvres saisissantes, sculpture, immersion visuelle et olfactive de feuilles de cacao, et peintures, l’artiste nous invite à prendre conscience d’un paradoxe ayant de sérieuses conséquences sur le Cameroun d’aujourd’hui tant au plan économique que social et psychologique.

 

Map of Resources nous plonge de nouveau dans cette terre fertile avec une installation transformant la grande salle d’exposition de doual’art en un terrain minier. De la terre émergent des bustes et têtes sculptées représentant la main d’œuvre. Leur couleur bleue évoque le cobalt logé dans le sol, recouvrant la peau des travailleurs, leur esthétique nous renvoyant à la céramique antique. Placées dans des bocaux de verre, des formes sculptées semblant de précieux minerais sont surplombées de petites figurines anthropomorphes inspirées des reliquaires Kota. Le casque bleu dont elles sont parées en symbolise le rôle protecteur, non sans évoquer la part ambiguë que signifie cette présence militaire en terre africaine. 

 

À Paris, Théâtre des Corps - Drame de la Matière reprend ces préoccupations dans le contexte où sont nées ambitions politiques et mise en œuvre de la conquête coloniale. Saisies dans leur labeur, dans la consommation des matières extraites ou dans leur symbolisme, des figures humaines, documentées ou mises en scène, sont dépeintes dans une théâtralité convoquant tant une tradition naturaliste classique qu’une contemporanéité esthétique. 

La matière s’affirme aussi bien dans les pigments que dans l’image d’archive – témoin historique servant de fond à l’œuvre peinte. Elle s’exprime dans les minéraux et produits agricoles, travaillés en détail, objets d’une dramatique convoitise, impulsée de l’époque coloniale à nos jours. La fusion entre corps et matière se retrouve à travers une autre série de sculptures. Sortant d’un sol fertile, comme des mises au jour archéologiques, des terres cuites au ton bleu simulent une patine marquée par le temps. Têtes de femmes, d’hommes et d’enfants incarnent les âmes dont l’existence passée, présente et future est liée au destin de cette terre.

 

Commissariat : Christine Eyene