Les toiles rassemblées au sein de l’exposition The Forgotten Branches, se dressent à la manière d’une arborescence de la mémoire, où chaque œuvre incarne une branche des pensées de l’artiste. Ainsi, le visiteur se retrouve plongé dans les réminiscences de l’esprit d’Omar Mahfoudi, témoin de ses souvenirs, dans cette forêt que l’on nomme mémoire.
De Kano Eitoku au Douanier Rousseau en passant par Vincent Van Gogh, choisir l’arbre comme sujet de création ou de réflexion résonne comme un leitmotiv. Omar Mahfoudi prolonge cette tradition thématique en donnant vie à une figuration à la limite de l’abstraction pour représenter ses souvenirs.
Les toiles rassemblées au sein de l’exposition The Forgotten Branches, se dressent à la manière d’une arborescence de la mémoire, où chaque œuvre incarne une branche des pensées de l’artiste. Ainsi, le visiteur se retrouve plongé dans les réminiscences de l’esprit d’Omar Mahfoudi, témoin de ses souvenirs, dans cette forêt que l’on nomme mémoire.
C'est en regardant par sa fenêtre, qu’Omar Mahfoudi observe le monde et se laisse aller à la rêverie. L’arbre qui lui fait face devient objet de fantasme : un portail vers des horizons et des temporalités multiples, où il imagine des êtres en suspension. À la cime des branchages, ses personnages surplombent le monde et se laissent porter par leurs pensées. Si les enfants montent aux arbres sans peur de la chute, Omar Mahfoudi imprègne son oeuvre de cette même liberté. Les silhouettes s’élèvent, à la recherche d’une échappatoire.
Les branches s’étendent vers les cieux lorsque les racines s’enfouissent dans les profondeurs de la terre. Les figures s’ouvrent au rêve tout en se reconnectant à leur passé et à leurs origines. C’est ainsi que se manifeste l’onirisme nostalgique propre à Omar Mahfoudi. Un onirisme qui explore la construction de l’identité comme synthèse des traditions et aspirations personnelles en laissant sa sensibilité s’exprimer. Porté par ses souvenirs, Omar Mahfoudi peint des paysages liquides traversés par des personnages isolés et plongés dans un état méditatif. Ils émergent, tels des fantômes, des profondeurs de sa mémoire. Le baigneur, figure récurrente de son iconographie, semble avoir quitté l’eau du Détroit, motivé par l’envie d’explorer de nouveaux éléments.
L’Oeuvre d’Omar Mahfoudi étant une extension de son être, l’artiste en vient lui-même à explorer les éléments. L’eau dans laquelle s’aventurent ses alter-égos modèle le tracé et dissout la couleur. Elle est à la fois muse et créatrice. Tears in my tree, cette toile au jeune garçon en larmes protégé par les branches tombantes d’un saule pleureur, témoigne de ce jeu subtil entre la technique et le sujet en lui prêtant des larmes nées du mouvement de la matière roulant sur la toile entraînée par l'eau.
Alors que le monde était cloîtré pour des raisons sanitaires, un besoin de communion avec la nature a émergé. Le confinement a éveillé en Omar Mahfoudi un désir d'exil mystique. Cette évasion spirituelle se teinte de souvenirs personnels et d’impressions d’une vie passée où l’humanité vivait en harmonie avec la nature. Sur la toile, les corps, sur leur arbre perché, reposent sur ces ancestrales entités qui semblent les soutenir, jusqu’à fusionner avec la végétation. Les personnages sont plongés dans un état d’apaisement total au contact du bruit silencieux des arbres. C’est dans cet endroit suspendu, loin des tourments du monde, que les âmes peuvent se retrouver.
À la fin de ce voyage où se mêlent souvenirs et union, l’abstraction a laissé place à une figuration sur fond monochrome. L’absence d’horizon apparaît à la manière d’une page blanche où les êtres sont amenés à vivre en osmose. L’art d’Omar Mahfoudi invite donc à l’introspection comme à repenser un écosystème plus harmonieux.
Par ce va-et-vient constant entre passé et présent, souvenir et fantasme, l’exposition The Forgotten Branches se présente comme un retour en enfance, une ode à l’évasion empreinte de nostalgie.