Ousmane Niang transpose à travers une série d'œuvres réunies sous le titre L’heure du regard, ses constats personnels quant au climat de tensions sociopolitiques à l’échelle mondiale. L’artiste dépeint une organisation corrompue, au service de ceux qui détiennent le pouvoir. Dans ce contexte, il aborde la question de l’exode de la jeunesse et des talents hors du continent africain, dans l’indifférence des dirigeants.

 

Telle que contée par la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop dans le long-métrage Atlantique (2019), Ousmane Niang suggère, de ses points, l’histoire de citoyens qui peinent à s’en sortir. Dans un monde où les accords purement politiques entre états régissent la politique des pays et où les hommes de pouvoir ne semblent s’intéresser qu’à leur propre richesse et intérêts, ils écrasent ceux qui représentent un obstacle à leurs ambitions. Dans leur costume sur-mesure à la cravate parfaitement nouée, leur regard est fixé vers l’horizon, sans jamais se poser sur quiconque. C’est ainsi que L’heure du regard les enjoint à baisser les yeux, à sortir de leur palais pour se rendre compte par eux-mêmes des réalités sociales. 

 

Ousmane Niang s’adresse de même à la population. S’il affiche le cri de ceux qui, délaissés, se retrouvent candidats à l’exil, tentant de se soustraire à un système qui ne les soutient pas, il les exhorte d’ouvrir les yeux. De ses pinceaux, il l’affirme : la solution n’est pas de partir mais sinon de développer les ressources naturelles et les capacités individuelles. Ensemble. Visuellement et symboliquement, les clous enfoncés dans les panneaux de bois se dressent, métaphores de la masse humaine. Ils apparaissent reliés les uns aux autres, solidaires. 

 

Les visiteurs assistent à des scènes de corruption et d’accords officieux identifiés par Ousmane Niang comme le fléau qui contamine la société actuelle (Accord politique, 2024). Les toiles, marquées de son humour caractéristique empruntant ses codes à la satire sociale, exaltent l’urgence d’agir pour retenir une nation à bout de souffle. En réaction aux regards impuissants des victimes de l’absence d’actions contre la pauvreté et les inégalités, l’artiste présente les trois piliers qui, selon lui, permettraient d’établir les bases saines d’une économie pérenne. Le travail de la terre, la connaissance et l’apprentissage d’un savoir-faire émergent comme les réponses à une souffrance tacite dont les conséquences se révèlent parfois tragiques.

 

Ousmane Niang qui évoquait visuellement par le passé l’existence de solutions à ces problèmes sans les nommer, expose désormais dans L’heure du regard que la clé pour résorber une misère systémique réside dans l’union et le travail. Il appelle de cette manière la population à prendre conscience qu’une action collective est nécessaire au changement.

 

 

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