Le monde cherche un futur: Ousmane Niang

16 Septembre - 15 Octobre 2022

Le monde cherche un futur marque une évolution esthétique comme idéologique dans le travail d'Ousmane Niang. Dans une série de trois toiles, Ousmane Niang se détache des scènes figuratives qu'il représente d'ordinaire, et s'aventure vers des compositions à la frontière de l'abstraction. Toutes trois introduisent une figure humaine dans le bestiaire traditionnel de l'artiste. Ce n'est pas une dichotomie entre hommes et bêtes ou bien même entre espèces, sinon une évocation de la diversité des êtres dans leur ensemble.

Dans ce nouveau chapitre, Ousmane Niang prolonge les pistes de réflexion qu'il a développées par le passé et dissémine les éléments nécessaires pour établir les fondations d'un avenir pérenne et répondre aux défis impliqués. Il encourage les individus à se réinventer dans un engagement collectif soutenu par la jeunesse et porté par l'éducation. 

Si l'œuvre d'Ousmane Niang a pour vocation d'initier son public à s'interroger sur la recherche et la création, c'est naturellement que son arche aux animaux chercheurs de futur, présente  une iconographie attachée à l'éducation à travers le motif traditionnel du livre, mais également du téléphone - ancrant son propos dans la société contemporaine. Les nouveaux moyens de communication se manifestent en tant que source infinie de connaissances et un outil de médiation.

Sur une toile, un singe lit, accompagné par un suricate curieux. Le livre, au centre de la composition, devient le sujet principal. C'est autour de lui que se rassemblent les êtres. C'est sur lui que se concentre le motif pointilliste tandis que l'ensemble se compose - de façon surprenante pour l'artiste - de touches de couleur irrégulières. L'ouvrage se pare d'un jaune lumineux. Il éclaire la toile. Sa robe soleil se réverbère sur les éléments végétaux qui grandissent autour. La couleur, et par extension la culture, devient source de vie. Elle prête ses teintes à la nature. Ousmane Niang, de sa verbe picturale, signifie que le savoir fait grandir la vie. C'est ainsi que le futur qu'il dessine repose sur la connaissance et l'éducation. La soif d'apprendre qui mène à la maîtrise des sujets contemporains, s'érige en tant que pilier fondamental d'un avenir prospère.

 

Si Ousmane Niang s'attachait à mettre en scène la hiérarchie sociale à travers la figure de l'homme animalisé et de l'animal resté sauvage, cette scission n'est plus aussi nette. Au contraire, les figures anthropomorphes tendent la main aux autres animaux. Cette idée d'apprivoisement va de pair avec la solidarité qui se dégage de l'ensemble. Toutefois, la relation dominant/dominé qu'Ousmane Niang explicitait dans sa série  Jeux de cartes  (2020-2021), persiste à travers la figure du poisson fermement tenu. Cette position de supériorité pourrait être une source de démotivation pour la jeunesse et risquerait de nuire au développement de la société. C'est ainsi que  Le monde cherche un futur marque une évolution esthétique comme idéologique dans le travail d'Ousmane Niang. Dans une série de trois toiles, Ousmane Niang se détache des scènes figuratives qu'il représente d'ordinaire, et s'aventure vers des compositions à la frontière de l'abstraction. Toutes trois introduisent une figure humaine dans le bestiaire traditionnel de l'artiste. Ce n'est pas une dichotomie entre hommes et bêtes ou bien même entre espèces, sinon une évocation de la diversité des êtres dans leur ensemble. Ousmane Niang s'intéresse à l'homme en tant qu'Homo Sapiens. Sur la toile, symétrique de la figure simienne, il évoque la temporalité en référence à la théorie darwinienne de l'évolution. Les racines qui prolongent les corps renforcent cette idée de généalogie et d'héritage. Ainsi, le peintre sénégalais invoque le passé et le présent de l'humanité pour suggérer son futur. Il ne faut pas penser les êtres en opposition mais en parallèle. Par extension, Ousmane Niang applique cette métaphore aux humains et aux nations. Ses toiles enseignent à construire le futur dans la cohésion plutôt que dans l'adversité. C'est un appel à renoncer aux conflits, à mettre de côté son égo et ses intérêts personnels, car la clé d'un avenir meilleur réside dans un mouvement collectif. Si tous les individus cohabitent en paix, et l'humain fusionne avec la nature mêlant et confondant son corps aux racines d'un arbre, les oeuvres d'Ousmane Niang figurent harmonie et cohésion. Il introduit parfois une nature fantasque et fantasmée. 

 

Auparavant discret, l'élément floral apparait parfois comme mutation du motif pointilliste. Alors que les individus et la nature se confondent, dans le futur prédit par Ousmane Niang, l'homme a trouvé sa place parmi le monde du vivant. Dans le prolongement de l'image du rhizome développée par Edouard Glissant - elle-même empruntée à Gilles Deleuze et Félix Guattari - Ousmane Niang appelle à créer une culture composite. Plutôt que d'annihiler l'une au profit de l'autre, il invite à puiser dans la richesse de chacun pour composer ensemble l'avenir. Comme le souligne Felwine Sarr dans son essai  Habiter le monde (2017) : "Habiter le monde, c'est se concevoir comme appartenant à un espace plus large que son groupe ethnique, sa nation... c'est pleinement habiter les histoires et les richesses des cultures plurielles de l'humanité." 

 

Ainsi, dans  Le monde cherche un futur Ousmane Niang invite le public à rêver un avenir meilleur.

 

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