Les histoires que les enfants racontent sous le manguier reflètent leurs rêves et leurs espoirs. Ensemble, ils imitent naïvement les adultes, créant une réalité parallèle où tout est source d’émerveillement. Un seau se transforme en sac de luxe, la terre battue en piste de danse. Et soudain, devant la maison aux murs de pierre, tout semble possible.
La maison familiale de Saïdou Dicko située à Ouagadougou a longtemps habité son travail de sa présence. Terrain de jeu des enfants, ses murs offrent le décor idéal à d’infinies aventures. Devant, se dresse fièrement un arbre. De quelles anecdotes a-t-il été témoin ? Ainsi, ce nouvel ensemble d’œuvres est teinté du souvenir ému des « histoires que les enfants racontaient sous le manguier ».
“La sieste sous l’ombre du manguier, bercée par une douce mélodie du frottement des feuilles et les chants des oiseaux qui savourent les mangues mûres. Je vole au pays des rêves, je flotte au-dessus de paysages magnifiques colorés à la saveur des mangues. J’observe ces beaux paysages de là-haut, avec le foulard et la bouteille en plastique fleurie, ces deux objets qui sont opposés et qui cohabitent en harmonie.”
Les histoires que les enfants racontent sous le manguier reflètent leurs rêves et leurs espoirs. Ensemble, ils imitent naïvement les adultes, créant une réalité parallèle où tout est source d’émerveillement. Un seau se transforme en sac de luxe, la terre battue en piste de danse. Et soudain, devant la maison aux murs de pierre, tout semble possible.
En écho aux bidons qui contenaient jadis de l’essence et mutent tour à tour en business class et yacht dans le jeu des enfants, le travail de Saïdou Dicko touche la sensibilité de chacun. L’artiste se refuse à donner une explication. Au contraire, il laisse la magie des images opérer d’elle-même. La narration finale échappe aux jeunes modèles comme à l’artiste. La poésie de son art dissémine ses graines dans l’imaginaire de ceux qui le contemplent pour devenir la leur. Les contes s’adaptent à la vision de chacun, aux souvenirs de chacun, et deviennent, à travers le regard du public, très personnels.
Sur le papier photographique, Saïdou Dicko recouvre d’encre noire la silhouette des enfants pour les transformer en ombres. Personnages anonymes, leur identité a pour unique limite leur propre imagination. Le monde leur appartient. Derrière eux, l’artiste superpose de ses pinceaux digitaux des tissus fleuris dont il ne garde que la trame. Les fils suivent le mouvement des figures, offrant aux histoires un écrin intimiste comme unique. Les mêmes silhouettes émergent du papier blanc, cette fois-ci à l’aquarelle. Elles interagissent avec un monde de géants, où tout paraît disproportionnellement plus grand qu’elles. Ombres malicieuses qui déambulent dans une forêt de bidons en plastique, elles partent à la conquête de leurs propres aventures, loin de la réalité des mortels.
Et maintenant, dans la cour désertée par les rires enfantins, les branches du manguier de la maison familiale vibrent toujours des échos lointains des histoires merveilleuses partagées ensemble.