L’exposition monographique de l’artiste - Dans la fumée - dévoile une Oeuvre complexe, marquée d’un caractère autobiographique. La genèse de l’art de Géraldine Tobe réside dans son parcours de vie - du décès de sa sœur aînée dont elle pressent être la réincarnation, à la dualité spirituelle dans laquelle elle a été élevée : entre croyances traditionnelles congolaises et religion catholique. C’est de cette multitude d’expériences que se nourrit sa pratique, donnant naissance aux histoires qui animent ses toiles.
Dans une quête de liberté, Géraldine Tobe a mis le feu à ses toiles.
Jeune artiste, la peinture ne lui convenait plus. Comment réaliser des tableaux sans acrylique ni huile et se détacher des conventions artistiques prédominantes ? Alors que le sculpteur congolais Freddy Tsimba s’est détourné des médiums traditionnels pour créer à partir d’objets porteurs de sens, Géraldine Tobe aspirait à cette même émancipation.
Du feu qui consumait ses œuvres apparut une voie nouvelle. La destruction la mena à la reconstruction. Et dans la fumée, son cœur se mit à parler.
Depuis lors, la fumée accompagne sa force créatrice. Des formes aériennes, aux contours maîtrisés et aux détails précis émergent de la danse enchanteresse de la flamme de sa lampe à huile pour se poser sur la toile vierge.
L’exposition monographique de l’artiste - Dans la fumée - dévoile une Oeuvre complexe, marquée d’un caractère autobiographique. La genèse de l’art de Géraldine Tobe réside dans son parcours de vie - du décès de sa sœur aînée dont elle pressent être la réincarnation, à la dualité spirituelle dans laquelle elle a été élevée : entre croyances traditionnelles congolaises et religion catholique. C’est de cette multitude d’expériences que se nourrit sa pratique, donnant naissance aux histoires qui animent ses toiles. L’art de Géraldine Tobe se rapproche en cela de la maïeutique de Socrate - l’art d’accoucher les esprits. Dans une forme de réminiscence, la fumée puise dans ses interrogations et ses souffrances pour exhumer sa vérité.
Aux murs, des corps en apesanteur évoquent la fragilité de la vie humaine (Vanité de Vanité, 2022). “Nous finirons tous par nous envoler un jour” dit-elle. Par l’image de cette chair évanescente, Géraldine Tobe livre une interprétation personnelle des vanités. Face à ces êtres qui se dissipent en volutes, l’artiste énonce : “Tu continueras à vivre par les souvenirs que l’on gardera de toi.” La mémoire des actions passées survit à l’enveloppe charnelle.
La peau se couvre d’un réseau de symboles. Une tête d’aigle se répète inlassablement, fixant le visiteur d’un œil vif, rejointe parfois par des masques et autres signes. Ces dessins récurrents forment des scarifications. Dans la société ancestrale, il s’agissait des enseignements qui suivaient les humains au long de leur vie. Elles représentaient aussi la divinité. À travers elles, Géraldine Tobe explore les mécanismes de transmission entre les générations et connecte les vivants à l’esprit des ancêtres.
Une aura de mystère entoure les toiles de Géraldine Tobe, celle qui crée pour guérir, celle pour qui l’art a la vertu miraculeuse d’exorciser les maux. Ses œuvres invitent ainsi au dialogue et à l’échange. Une fois nées, elles lui échappent. Elles appartiennent à l’autre. Et au milieu de ces personnages célestes guidés par la fumée, nous nous surprenons à écouter notre cœur parler.