L’exposition collective Ce que nous donne la terre est un appel à prendre conscience de notre environnement, de ses mutations comme de l’épuisement de ses ressources – marquant la fin d’une période d’abondance.
L’exposition collective Ce que nous donne la terre est un appel à prendre conscience de notre environnement, de ses mutations comme de l’épuisement de ses ressources – marquant la fin d’une période d’abondance. Selon les mots de l'écrivain et économiste sénégalais Felwine Sarr, il s’agirait de “considérer la nature non pas comme une ressource que nous exploitons mais comme un lieu qui nous abrite et nous offre la vie.” (Felwine Sarr, Habiter le monde. Essai de politique relationnelle, 2017). Ainsi, les artistes témoignent des connexions spirituelles qui lient l’humain à la terre et imaginent de nouvelles façons de vivre ensemble. De cette prise de conscience émerge la nécessité de repenser notre rapport au monde pour sortir de l’Anthropocène : l’ère de l’humain – “force géophysique qui, de par son activité, a peu à peu altéré l’atmosphère et le climat, tout comme la composition de la faune et de la flore mondiales” ((Edward O. Wilson, Is Humanity Suicidal?, 1993) – et retrouver un équilibre terrestre où tous les être vivants évolueraient en harmonie.
Ousmane Niang, Cristiano Mangovo et Hervé Yamguen explorent de nouvelles formes d’hybridités. L’humain et le végétal fusionnent, se dressant tels des gardiens protecteurs de l’environnement. De la symbiose de différentes espèces naissent des êtres nouveaux qui résistent et s’adaptent aux perturbations extérieures. Ces créatures rappellent l’importance de se reconnecter à la nature à travers une forme de communion au sein du vivant. En faisant appel à un devoir de protection, les artistes dessinent un futur alternatif et pérenne.
Ozioma Onuzulike, Salifou Lindou, Temandrota et Eva Obodo intègrent chacun des éléments naturels dans la composition de leurs oeuvres. Ils soulignent ainsi la beauté comme la fragilité de la nature, interrogeant notre rapport à l’environnement. Saïdou Dicko, avec ses oeuvres sur toile de coton biologique réalisée à la main au Burkina Faso et parées d’éléments plastiques récupérés, fait la synthèse entre un savoir-faire ancestral et les problématiques actuelles de réutilisation. De même, à travers la thématique de l’exploitation du coton – en tant que matière à l’origine de la révolution industrielle et des débuts du capitalisme – Jean David Nkot soulève les conséquences de l’économie de marché et des rapports Nord/Sud quant à l’exploitation des hommes et des ressources naturelles. Une prise de conscience écologique – écouter la Terre pour la protéger – mène à la nécessité de préserver son écosystème et d’abandonner toute forme de domination.
Enfin, Nasreddine Bennacer, Omar Mahfoudi et Moustapha Baidi Oumarou instillent dans leur oeuvre l’idée d’un exil mystique : un désir de communion avec la nature ; quand Hyacinthe Ouattara et Beya Gille Gacha activent le lien spirituel qui unit l’humain à la terre. Les artistes présentent ainsi une nature bienveillante et vivante, dans laquelle les individus se retrouvent.
Commissariat : Michaëla Hadji-Minaglou