Biographie

SALIFOU LINDOU EST NÉ EN 1965 À FOUMBAN AU CAMEROUN. IL VIT ET TRAVAILLE À DOUALA.

Artiste autodidacte, Salifou Lindou fait partie de la génération d’artistes au Cameroun qui enseigne et influence les nouvelles générations. Il a co-fondé le Cercle Kapsiki en 1998 avec pour objectif d’introduire l’art dans la ville de Douala à travers l’organisation d’expositions, de projets et de résidences, invitant des artistes du monde entier à transformer l’espace public.
 

Alors que Salifou Lindou réalisait principalement des installations, des sculptures et des collages sur toile au début de sa carrière, il s’est tourné depuis peu vers la pratique du pastel sur papier. Ses œuvres au pastel apparaissent d’un enchevêtrement énergique et spontané de lignes et de traits. Si l’artiste traite de sujets de société, il illustre toujours la rage de vivre et la passion, en opposition à la vulnérabilité de l’enveloppe corporelle. Il met en avant la dualité qui régit l’humain : entre force et faiblesse, immobilité et mouvement, paix et chaos. 

Sur le papier comme sur la toile, Salifou Lindou étudie la complexité de l’être humain à travers des scènes de la vie quotidienne qu’il nourrit de références aux légendes et aux classiques de la peinture moderne. Des combats internes, aux débats télévisés jusqu’à l’instabilité politique qui conduit à l’exode, le travail de Salifou Lindou parle et part du quotidien. Il est à la fois introspectif et inspiré de la société dans laquelle il vit. 

Salifou Lindou a célébré en 2022 ses 30 ans de carrière. Cependant, c’est véritablement en 2020, lors de la présentation de son travail à la foire 1-54 London par la galerie AFIKARIS, que son travail a été salué sur la scène internationale. Depuis, il a participé à des foires internationales telles que Art Paris (France), Investec Cape Town (Afrique du Sud) ou encore 1-54 New York (États-Unis). Son travail a également été présenté lors d'expositions institutionnelles comme au Musée national de Yaoundé (Cameroun), à l'Institut des Cultures de l'Islam (France) et à Art Hub Copenhagen (Danemark). Enfin, Salifou Lindou a représenté le Cameroun lors de la dernière Biennale de Venise (2022). La première exposition institutionnelle personnelle de Salifou Lindou en Europe se déroule actuellement au Musée Ettore Fico à Turin en Italie. 

 

Œuvres
Expositions
Foires
Presse
Catalogues
Interview

Dès le début de ta carrière en 2015, tes œuvres parlaient de l’immigration et de la superficialité des frontières. À partir de 2020, elles s'intéressaient à la sur-exploitation des ressources naturelles - notamment minières - et des hommes, au service de l’économie de marché. Comment en es-tu venu à aborder les champs de coton sous le prisme du passé ? 

Il faut dire qu’avant même d'en arriver à la question migratoire, je m'intéressais aux violences et plus particulièrement à celles que je vivais dans mon pays. Entre 2013 et 2015, le Cameroun passait un moment effroyable suite aux actes terroristes. Je me demandais alors comment matérialiser et garder une trace de cette période. C'est ainsi que j'ai commencé à m'intéresser aux questions autour de la condition humaine. Partant de cette condition humaine, j’ai été amené à me questionner sur la notion d’espace. 


En travaillant sur la notion de violence, je représentais et je figeais les espaces où ces massacres avaient eu lieu, en inscrivant tout simplement les noms de ces lieux sur mes œuvres. À cette époque, chacune de mes toiles représentait un timbre. J’utilisais la structure, je mentionnais le prix ainsi que le pays émetteur du timbre que je modifiais en fonction du lieu des attaques. C'est ainsi que, de fil en aiguille, j’ai commencé à vouloir représenter la notion d’espace différemment. C’est ce qui m’a par la suite amené vers l'univers de la cartographie, puis, en étudiant la cartographie, vers les questions de frontières. Le sujet de la migration s'est naturellement imposé à moi dans ce contexte où je matérialisais les espaces, traitant de la question de la condition humaine. Pour moi, tous les sujets sont bons à traiter tant que l’humain reste au centre. Tous les sujets qui témoignent d’une forme d’injustice sont, pour moi, des sujets importants à traiter. Voilà comment, petit à petit, je suis passé de la migration aux questions économiques et notamment à l’exploitation des matières premières. Il était donc logique pour moi d’aborder la thématique du coton, en rapport avec le passé et l'histoire. C'est un fil conducteur. 

 

Je travaille sur les différentes formes de matières premières : les matières fossiles, les matières agricoles et les matières liquides. Je me concentre actuellement sur les matières agricoles. Quand on s’intéresse aux matières agricoles, et en particulier à la question du coton, on est naturellement amenés à ouvrir tout un pan de l'histoire de l'humanité. Cela inclut la période de l’esclavage et les déportations et déplacements des peuples noirs. Nous devons ainsi nous interroger sur le rôle de ces évènements dans le développement de l'économie du monde occidental aujourd'hui.